Shiba Inu : Des origines à nos jours

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Au commencement

Le Japon se compose de différentes îles, habitées depuis 8000 ans avant notre ère.  De cette période, il a été retrouvé des ossements de chiens, ces chiens mesuraient en moyenne de 36,8 à 49,5cm. Seul deux squelettes de chiens de grande taille (57cm) ont été découverts dans la partie nord d’Honshu, près de Tohoku.

L’origine exacte de ces hommes et de leurs chiens restent encore inconnue, on présume que ce sont des peuples de Chine et de Corée qui auraient migrés sur les îles japonaises.  Nous nommons ces habitants le peuple Jomon. Cette période correspond au néolithique.

Il est intéressant de noter que ces chiens n’ont pas la même origine que les chiens de l’âge néolithique retrouvés en Europe, preuve apportée par l’étude des crânes présentant des différences notoire avec les squelettes du Canis familiaris Palustries, chien le plus représentatif des premiers chiens européens.

 

De la période Yayoi à la période Kamakura

Près de 200 ans avant notre ère, un nouveau peuple venu de l’Ouest investi le Japon, provenant probablement de Mongolie. Ils apportent avec eux leur connaissance de l’agriculture et la création d’armes et d’outils en fer et en bronze. Ces nouveaux habitants s’étendent peu à peu dans le pays et chasse le peuple Jomon vers le nord. Il est alors fort probable que les chiens apportés par ce nouveau peuple se soient mélangés avec les chiens Jomon. D’ailleurs le type Spitz était déjà existant : oreille droite et queue recourbée.

Peu à peu, ce peuple prend le pouvoir et forme le premier gouvernement autochtone, c’est à cette période que l’histoire écrite du Japon commence (538), les moines bouddhiste créant l’origine de l’alphabet nippon actuel.

La mise en place de Shogunat engendra l’établissement de cours et de divertissement tel que la chasse au faucon.

 

Les européens au Japon

C’est en 1542, que les premiers européens arrivent au Japon par le biais des navires de commerces portugais s’amarrant sur l’île de Tanegashima. Ils apportent avec eux armes à feu et missionnaires chrétiens. Le Japon connu alors une période d’ouverture vers la culture européenne, tant bien commerciale que religieuse. Période de courte durée puisqu’en 1616, le Shogunat Hidetada lance les premières persécutions envers les chrétiens et commence à fermer les ports aux européens, puis vient l’interdiction aux japonais d’émigrer. Cet isolement dura environs 260 ans.

La période d’ouverture a permit l’introduction de chien européens au Japon. On peut voir sur certaines estampes des gros chiens de type Matin de Naples ou des chiens de type terriers. Ces chiens localisés tout d’abord dans les villes portuaires se sont ensuite un peu mélangés aux lignées autochtones locales.

 

Sakoku ou l’isolationnisme japonais

Les classes dirigeantes appréciaient la chasse, principalement aux cerfs et aux sangliers, les chiens les aidaient donc à cette tâche, et des élevages ont commencés à se constituer.

Durant la période d’isolement, quelques chiens européens ont toutefois été introduit, mais très rare sont les chiens européens à avoir été trouvés dans les zones rurales ou les montagnes, ce qui préserva les lignées des races d’origines du Japon.

Dans les années 1800, le médecin néerlandais Siebold se rend au Japon et trace quelques croquis des chiens du pays. On distingue alors deux types principaux : des chiens aux oreilles tombantes et des chiens aux oreilles droites utilisés pour la chasse.

Pour les chiens de chasses, seul variait la couleur ou la taille mais ils avaient tous le type Spitz (oreille droite et queue enroulée).

 

L’ère industrielle

Quand le Japon sorti de son long isolement il quitta le Moyen-âge pour entrer directement dans l’ère industrielle impulsée par les Etats-Unis et l’Europe. La différence de développement à eu pour conséquence le refoulement de la culture ancestrale japonaise, puisque ce qui venait de l’Ouest prenait une grande valeur, tandis que ce qui était issu du Japon devenait obsolète et sans intérêt.

Les chiens étrangers arrivèrent alors en grand nombre sur le territoire nippon, menaçant de perdre le type d’origine des chiens japonais à force de croisement. Seuls les chiens très reculés dans les montagnes et les régions isolées purent être préservés des mélanges.

Les combats de chiens étant monnaie courante à cette époque, les Akita furent croisées avec des Mastiffs et plus tard des Saint Bernard et d’autres grands chiens afin d’augmenter leur force et leur taille, le type des Akita d’origine disparaissaient alors petit à petit.

 

Un regain de nationalisme

Dans les années 1900, un regain de nationalisme empara la société japonaise. En effet, cette dernière pris conscience de sa culture et souhaita la préserver. On a donc commencé à travailler pour sauver tout ce qui était typiquement japonais. C’est à ce moment que les chiens d’origine du Japon sont considérés comme des Trésors de la nation. Certains ont alors essayé de redonner aux lignées leurs aspects d’origines.

Le docteur Saito, est le plus représentatif des japonais à avoir passé sa vie à cette tâche. En effet, dans les années 1920, il voyagea dans tout le Japon afin d’étudier les derniers chiens survivants du type originel.

Ces différentes races furent alors nommées, en général on leur donna le nom des provinces d’où elles provenaient.

Le Shiba est une exception à cette règle puisqu’il ne prit pas le nom de la province des Montagnes de Nagano. Plusieurs théories gravitent alors autour de son nom, Shiba désignant « broussaille sèche brun clair » en japonais, son nom viendrait peut-être de sa fonction de chasseur de petit gibier et d’oiseau ou de la couleur de sa robe ou même les deux réunis. Toutefois, en japonais ancien le kanji 柴 désignant Shiba signifie « petit », pouvant faire référence à la petite taille du chien.

Les Shiba étaient dénommés selon leur localisation :

  • Shiba Shinshu, venu de la préfecture de Nagano, au centre du Japon. Ces Shiba étaient de taille petite, d’une robe rouge et avaient une tendance à avoir les yeux ronds et un masque noir qui reste à l’âge adulte.
  • Mino Shiba, venu de Gifu, également à côté des montagnes de Nagano. Plus petit des Shiba, de 36,5 à 39,5cm, ils avaient une robe rouge, des yeux en amande, des oreilles bien triangulaires et une queue déroulée.
  • Shiba San’In, venu du sud ouest du Japon. Ce Shiba mesurait environ de 40 à 50cm, de couleur noir tacheté, ils étaient connus pour leur côté indépendant et leur manque d’affection.

 

 

La majeure partie des Shiba ayant été mélangé avec des races européennes de taille moyenne, il était difficile de retrouver de véritable Shiba.

Saito découvrit en 1928 un Shiba roux avec la queue en faucille dans les montagnes retirées de la préfecture de Gumma. Ce chien fut appelé Jukkoku. C’est dans sa région que la population donnait le nom de Shiba Inu à ces petits chiens de chasse.

Jukkoku devenu célèbre et un certains nombre d’amateurs allèrent chercher un Shiba Inu dans cette province pour ramener ce petit chien avec eux vers les villes.

 

 

Le club de préservation des chiens japonais : Nihonken Hozonkai (Nippo)

En 1928, Saito et son cercle forme le Nihonken Honzonkai, club soutenu par les autorités. Chaque race reçue au fil des années le statut de symbole national. D’abord en 1931 pour l’Akita, puis en 1933 pour le Kai, l’Etsu no Inu et le Kishu, en 1936 vient le tour du Shiba et du Shikoku et en 1937, l’Hokkaido.

Les trois fondateurs du club qui se sont plus particulièrement intéressés au Shiba sont Masuzo Ozaki, étudiant le Shiba Sanin, Tatsuo Nakajo, étudiant le Shiba Shinshu, et Gaiyu Ishikawa, étudiant le Mino Shiba. D’ailleurs, Gaiyu Ishikawa découvrit avec ses recherches que le Mino Shiba était mélangé avec le Mikawa Inu, un chien ressemblant au Shiba mais avec un tempérament plus vif, des gros yeux ronds, et sans urajiro.

En 1932, le club organisa la première exposition canine de chiens japonais à Tokyo. 81 chiens y étaient inscrits mais dans un souci de qualité seul 10 ont été sélectionnés pour recevoir un prix les honorant. Parmi ces dix chiens on retrouve quatre Akita, deux Hokkaido, deux Kishu, un chien de taille moyenne de la province de Shinshu, et un Shiba Inu.

Ce Shiba mâle à la robe sésame rouge se nommait Tako. Il venait d’une région montagneuse de la préfecture de Toyama. Tako est donc le premier Shiba enregistré par le Nippo.

En 1933, eu lieu la seconde exposition canine nationale, c’est un mâle du nom de Yuwa et une femelle prénommée Yuri qui ont reçu le prix. Ils venaient tous deux de la préfecture de Shimane, dans la région de San-In, au nord du Japon. La population de cette province appelait alors ces chiens Sekishuken.

Lors de la 5ème exposition organisée par le Nippo, en 1936, le Sekishuken Ishi, un mâle rouge né le 2 novembre 1930 (numéro d’enregistrement au Nippo 170) et mesurant 39,5cm, reçu le prix honorifique. Il fut accouplé avec Koro, une femelle noir et feu née en septembre 1935 et originaire des montagnes de Kochi  dans la préfecture de Shikoku. Le 6 janvier 1939 naissait de cette union un Shiba mâle du nom d’Aka Fugoku et son frère de portée Ichi Go.

Aka Fugoku reçu le prix d’honneur à la 8ème exposition canine à l’âge de 10 mois. Il eu un très bon jugement. Ce chien aura une grande importance dans une des quatre lignées fondatrices de l’actuel Shiba Inu. Il fut accouplé avec Hana, une Shiba de la préfecture de Tottori (région de San-In) mais qui aurait eu des problèmes de santé (peut-être une dysplasie de la hanche). De leur union naquis notamment la femelle Beniko Akashisho. Puis il fut ensuite accouplé avec Meigetsu, une Shiba de la préfecture de Yamanashi (région de Shinshu). Ils donnèrent naissance à un mâle Akani Hatayamaso.

Bien qu’ils soient demi-frère et sœur, Beniko Akashisho et Akani Hatayamaso furent accouplés pour donner naissance, le 16 avril 1948, à un mâle : Naka Go Akashisho. De leur union naquirent aussi Koten, Chihaya, Kocho, Fuji et Hisamatsu.

Naka fut le premier Shiba à remporté le Nippo Best Dog Award (équivalent du Best in Show).

Il est le fondateur des lignées de l’actuel Shiba Inu.

 

L’histoire de Naka.

A deux mois il fut vendu à Tatsuo Nakajyo (préfecture de Nagano) afin d’améliorer la qualité des chiens. Deux mois plus tard, il est de nouveau vendu, à Okeda Kobus. Un peu plus tard il tombe malade et faillit mourir, après trois mois de maladie il était de nouveau sur pied. A l’âge de un an, il se fit attaqué par un congénère, plus grand et plus fort, il pu heureusement en sortir vivant mais il lui fallut un mois pour se rétablir.

A la 12ème exposition du Nippo, le 17 avril 1949, il remporte le plus grand titre (Nippo Best Dog Award) parmi ses 97 concurrents. C’est la première fois qu’un Shiba remportait le titre de meilleur chien de l’exposition. Cette victoire permis à la race de devenir plus populaire.

Naka vécu jusqu’à 16 ans. On dit qu’un chien de cette qualité ne naît que tous les 50 à 100 ans…

Pedigree de Naka Go Akashisho

Akani Hatayamaso

Aka Fugoku

Ishi

Hisahara

Kochi

Koro

Inconnu

Inconnue

Meigetsu

Inconnu

Inconnu

Inconnue

Inconnue

Inconnu

Inconnue

Beniko Akashisho

Aka Fugoku

Ishi

Hisahara

Kochi

Koro

Inconnu

Inconnue

Hana

Inconnu

Inconnu

Inconnue

Inconnue

Inconnu

Inconnue

 

Les quatre lignées du Shiba Inu

Ces lignées furent établies par un juge et l’un des leaders du Nippo, après l’analyse des gagnants du Saikousho (Best Shiba Award) durant ces vingt dernières années. Ils ont conclus qu’il y avait quatre lignées prédominantes :

  • Hakuba no Gen (ou Gen)
  • Korotama (ou Ichisuke)
  • Matsumaru
  • Tenkou

 

Lignée Korotama (Ichisuke)

Cette lignée est originaire des îles de Shikoku. Korotama avait une robe noire et blanche (et non noir et feu) mais ce défaut à été comblé par ces nombreuses autres qualités, c’est pourquoi il a été utilisé à la reproduction.

Comme caractéristique de cette lignée nous pouvons citer, entre autre, une robe de couleur rouge vif.

Dix générations séparent les frères Korotama et Ichisuke de Naka.

Les lignées descendantes les plus représentatives sont la lignée Beniryu/Jouji et la lignée Fukuryu/Toyonishiki.

 

Lignée Hakuba no Gen  (Gen)

Six générations séparent Hakuba de Naka. Nous retrouvons beaucoup de consanguinité pour arriver à Habuka, d’ailleurs il résulte lui même de l’accouplement d’un père (Kojiro) avec sa fille.

La caractéristique à retenir d’Hakuba était la qualité et la couleur de son pelage (propos de M. Kanasashi, juge et ancien membre du Nippo). Il possédait un bon mouvement, un crâne bien développé, une bonne forme des yeux mais ses défauts venaient de la structure de son corps et de sa dentition. Il n’était donc pas le chien parfait, mais ses qualités ont nivelés ses défauts.

En tant que descendant de cette lignée on citera Azumi no Hana, qui a produit de nombreux chiens de qualités comme Sakushugen, Kawana no Gen, Azumi no Take et Masakado. D’ailleurs dans les pedigrees des grands gagnants de ces dernières années, les noms de Masakado et  Sakushugen ressortent le plus souvent.

 

Lignée Matsumaru

 

Matsumaru, un mâle de couleur sésame rouge était originaire de la préfecture de Nagano. De nombreux grands gagnants des années 1960 à 1970 descendent de ce Shiba.

Cette lignée a aussi joué son rôle dans l’histoire des Shiba actuels, pas forcément en tant que lignée directe mais par des croisements avec les lignées Korotama (Ichisuke) et Gen. En effet, les éleveurs ont souvent utilisés des chiens de la lignée Matsumaru pour améliorer la structure du corps et la couleur.

Les descendants de cette lignée sont connus pour avoir une tête de bonne taille et un corps robuste.

 

Si la volonté première était de préserver les différentes variétés de Shiba en fonction de leur localité, la Seconde Guerre Mondiale, l’épidémie de 1959 et donc la perte d’un nombre considérable de chiens, ont forcé le mélange entre les Shiba issus de différents secteurs.

C’est en 1934 que le premier standard du chien japonais fut rédigé par le Nippo, ce standard était général pour les 6 chiens de races japonaises “indiquant une voie à suivre dans les futurs programmes de sélection sur la base des caractéristiques intrinsèques des chiens japonais.”

La nature du Shiba peut être exprimée en trois mots :

  • Kan-I : « esprit fougueux », force de caractère et dignité. Le chien doit être vif et brave sans être agressif.
  • Ryousei : « bonne nature », fidèle et obéissant. Le chien doit avoir une confiance totale en son maitre et exprimer un attachement.
  • Sobuko : « simplicité », beauté naturelle provenant d’une apparence modeste. Cette beauté s’exprime au travers d’un sentiment de simplicité raffinée et d’une élégance sobre.

Ces qualités doivent être innées et sont fondamentales à tous les chiens japonais, elles expriment les caractéristiques essentielles des chiens japonais.

 

Le Shiba dans le monde

Ce qui distingue principalement le Japon du reste du monde est que les Shiba japonais ont en grande proportion une robe rouge foncé, et toutes leurs dents. Mais le type, dit Nippo, est aussi moins représenté ailleurs qu’au Japon. En effet, les éleveurs étrangers se sont beaucoup moins souciés de chercher le type très représentatif du Shiba que les japonais continuaient de travailler. C’est aussi pour cela qu’on note des différences de standard dans certain pays (couleur et taille). A l’heure actuelle, un regain d’intérêt est émis envers le type Nippo qui est de plus en plus recherché par les connaisseurs.

Etats-Unis

Des soldats américains et des émigrés japonais ont ramenés avec eux des Shiba aux Etats-Unis après la Seconde Guerre Mondiale, dès 1954. Mais le premier Shiba enregistré aux US est né en 1973. De nombreux Shiba ont été importé depuis les années 1970 pour constituer la lignée US d’aujourd’hui.

Canada

Le Shiba reste relativement rare au Canada, les lignées proviennent principalement des lignées US.

Australie

Le premier Shiba a été importé en Australie en 1987, il provenait d’Angleterre. Les lignées australiennes proviennent principalement d’import anglais et japonais.

Nouvelle-Zélande

Il existe une petite population de Shiba en Nouvelle-Zélande, provenant d’import australien et anglais.

Taiwan

Tawain a importé ces dernières années des Shiba provenant de bonnes lignées japonaises.

Moyen-Orient

On trouve des Shiba en Israël provenant des lignées anglaises et australiennes.

Europe

Le premier Shiba arrivé en Europe a été identifié au Danemark en 1969, mais ce chien n’a eu aucun impact dans les lignées européennes.

En Italie, en France et en Espagne les Shiba ont été introduit dans les années 1970, ils restent encore rare comparé a d’autres pays européens.

L’Allemagne, la Belgique et la Hollande ont fortement implanté la race. Les lignées sont basées sur des importations provenant de Suède, d’Angleterre, des Etats-Unis et du Japon.

En Europe de l’Est les Shiba sont rares mais deviennent de plus en plus populaire, on compterait déjà une cinquantaine de chien en République Tchèque.

En Angleterre, les premiers chiens ont été importés en 1985. Ce sont des chiens provenant de lignée US. Le Shiba est devenu rapidement populaire en Angleterre mais les lignées ne sont pas de grandes qualités, et il y a eu très peu d’import ces dernières années.

En Suède, un seul élevage, Manlöten, a eu le monopole durant de nombreuses années. Cette lignée est présente dans de nombreux pays de nos jours.

 

Sources

  • History and Tradition of the Japanaise Shiba Inu par Julia Cadwell (Elevage Shosha Shiba)
  • Article paru dans The Shiba Journal par Yuko Salvadori
  • Ecrits de Nobuo Atsumi, éleveur japonais.